Existe-t-il une ville française qui déchaîne autant les passions que Marseille ? Ses habitants, ses faits divers, sa représentation, sa musique, son équipe… Marseille est toujours au centre des conversations. Pour toutes ces raisons, et parce qu’on a un attachement tout particulier à elle, nous lui consacrons notre deuxième Curaterz City-Guide – d’autant que la série que Netflix lui consacre tombe à point pour enflammer les discussions. Voici une vingtaine d’adresses recommandées par nos soins et ceux de deux invités de choix : Florent Siri et Stéphane Caillard, le showrunner et l’actrice principale de Marseille. Au programme : des bars secrets, du béton et des scoops sur L’École du Micro d’Argent. Et si vous n’avez pas encore prévu de week-end dans la cité Phocéenne, vous pouvez quand même vous mettre dans l’ambiance avec notre playlist en fin d’article.
Carry Nation : Le speakeasy le plus cool et le plus secret de la ville. Pensé comme un hommage aux bars clandestins de la Prohibition, le Carry Nation pousse le concept au bout : pour avoir son adresse, envoyez un message sur leur site. Vous recevrez alors des infos et un code. On peut juste vous dire qu’il se situe dans le 6ème, que ses cocktails valent le coup et que son entrée est un passage secret dans un placard. Et non, ça ne débouche pas sur Narnia.
Goudron : Ouvert il y a quelques semaines au rez-de-chaussée d’un ancien hôtel particulier, Goudron propose une sélection pointue de menswear tendance Hypebeast. Sur les étagères, Y-3, Edwin, Sandqvist, Black Scale et Vans, dans un joli décor peuplé de tirages d’Ilk et de Bearbricks 1000%. Bref, pour ceux qui veulent évoluer après avoir porté du Bullrot il y a quinze ans.
31 rue Montgrand – 6ème
Lundi 14h-19h, du Mardi au Samedi 10h-19h
Les Terrasses du Port / Les Docks : Uniqlo, Printemps, Dalloyau, Citadium, The Kooples, Big Fernand et bientôt un Apple Store. Le dernier-né des complexes commerciaux marseillais a des airs de colonie parisienne – la vue sur la mer en prime. Les Terrasses du Port et Les Docks, entités distinctes et complémentaires séparées par une route, réunissent près de 300 commerces dans le quartier d’affaires de la Joliette (qui poursuit son relooking, en attendant le futur casino?). Ils permettent de satisfaire la plupart des pulsions consuméristes : de la dernière paire d’Air Max TN à l’iconique sac Chloé, des chocolats artisanaux locaux aux babioles fabriquées en Chine, du couscous au plateau de coquillages.
9 Quai du Lazaret – 2ème
Terrasses : tous les jours, 10h-20h
Docks : tous les jours, 10h-01h
“Je n’étais jamais allée à Marseille auparavant. C’est une ville foisonnante, à dimension humaine, et qui respire… J’ai beaucoup aimé y vivre pendant le tournage. Dans une grande fulgurance, j’ai même hésité un moment à venir y habiter !”
— Stéphane Caillard, actrice
20.000 lieues : Adresse particulièrement agréable lors des beaux jours (donc souvent), on peut y siroter une multitude de bières et, surtout, y profiter de l’un des plus beaux recoins de la ville : les Goudes. Village de pêcheurs pittoresque l’hiver, aspirateur cyclonique à touristes l’été, le 20.000 lieues se trouve quelque part entre deux portes : celle des calanques, et celle de l’enfer (les soirs de matches de rugby).
12 Boulevard Alexandre Delabre – 8ème
Mardi-Vendredi 15h-02h / Samedi-Dimanche 11h-02h
Le MuCEM / Le Fort Saint-Jean : Au sortir des Terrasses du Port, longez poliment le Quai de la Tourette pour rejoindre l’un des nouveaux spots les plus emblématiques de la ville, le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM). Ses dentelles de Ductal abritent des expositions (actuellement, Picasso) mais aussi une librairie, un restaurant et des manifestations culturelles. Une passerelle relie le musée à un autre monument, celui-ci historique : le Fort Saint-Jean, gardien de l’entrée maritime du Vieux-Port. Un petit voyage dans l’espace, la matière et le temps, qui vous placera, sans rémission, sur le sentier d’un autre coin mythique, le quartier du Panier.
7 Promenade Robert Laffont – 2ème
Ouvert tous les jours sauf le mardi, 11h-19h
Florent Siri, showrunner
Il vient de la région de Metz, mais il a donné à Marseille certaines de ses images les plus marquantes. À la fin des années 90, il réalise plusieurs clips légendaires du rap marseillais : “Bad Boys de Marseille” d’Akhenaton, “Belsunce Breakdown” de Bouga, “La Saga” et “L’Empire du Côté Obscur” d’IAM. Pour mettre en scène la série de Netflix, il a passé cinq mois sur place.
Les adresses de Florent Siri
La Vieille Charité : “Un endroit que j’adore, où on a tourné le clip “La Saga” d’IAM. Juste en dessous du bâtiment, on a tourné “L’Empire du Côté Obscur”. Dans une séquence, on voit une espèce de forêt de colonnes, où les gars se tirent dessus. Il s’agit en fait d’un énorme réservoir d’eau, construit sous la Vieille Charité, et qui date de l’époque romaine. Le clip avait coûté une fortune impensable pour l’époque. Pour l’amortir, il fallait vendre 300 000 disques. Le label les a vendus en deux jours. Le plus fou, c’est que “La Saga” n’était pas censé être vraiment un clip, mais plutôt un teaser pour l’album. Le “vrai” clip devait être “L’Empire du Côté Obscur”, le jour de la sortie de l’album.”
2 Rue de la Charité – 2ème
Tous les jours, 10h-18h
L’Abrî Cotié : “C’est mon restaurant fétiche. Il est à la Pointe Rouge, j’y vais pour leurs supions (petites seiches généralement préparées avec de l’ail, de l’huile d’olive et des tomates). Pour moi, c’est le goût de la ville. Dès que je suis à Marseille, je vais forcément faire un tour à L’Abrî Cotié.”
1 Boulevard des Baigneurs – 8ème
Le Panier : “Un endroit pour trouver l’inspiration – même si à Marseille, on peut la trouver partout. Je suis un peu mélancolique du vieux Marseille, avec ses petites rues, son côté village. C’est l’âme de la ville.”
13 Rue du Panier – 2ème
Le Stade Vélodrome : “On fait débuter la série par un traveling dans ses couloirs. J’aime le fait que ce stade soit planté au milieu de la ville. C’est une arène romaine, tout tourne autour. Et je le trouve très beau : il me fait penser à un coquillage, posé au coeur de Marseille.”
3 Boulevard Michelet – 8ème
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Plongée en eaux troubles : Pour vous imprégner du Marseille que nous servent à longueur d’année les médias et les groupes de rap du gouffre, une seule chose à faire : tenir les murs de l’alimentation générale du quartier Bassens en buvant un Oasis Tropical. L’office de tourisme du bâtiment D a d’ailleurs mobilisé tous les jeunes du coin afin de réaliser une vidéo promotionnelle. Vous avez kiffé l’ambiance du Baltimore de McNulty, et rien ne vous fait plus frissonner que l’odeur des voitures désossées ? Foncez dans la zone sur votre T-max. En Y, bien sûr.
Cité Bassens, avenue de Boisbaudran – 15ème
Piment Thaï : Un nom semblant calqué sur un jeu de mot de Swagg Man. Une devanture et une enseigne banales. Un quartier pas vraiment hype – à deux pas de Noailles, sur une artère très empruntée. Un emplacement coincé entre des taxiphones et des snacks qui n’existent pas sur TripAdvisor. Tant de petits handicaps, mais Piment Thaï propose le plus important : l’accueil, les produits, les plats, et le rapport qualité/prix. Un petit trésor caché qui mérite sa part de lumière.
4 Cours Lieutaud – 1er
Lundi-Samedi, 11h-15h, 18h-23h
“À Félix Pyat, on a tourné avec les gamins, les gens étaient adorables. Mais au bout d’un quart d’heure, on a entendu des flics tirer des flashballs. Lors des repérages, à la Castellane, j’ai aussi entendu des rafales. Les armes automatiques et la coke ont changé la ville.”
— Florent Siri, showrunner
La Cité Radieuse : Destination privilégiée des amateurs de design et d’architecture, cet immeuble sorti de la tête du légendaire Le Corbusier vous ouvre ses couloirs et même ses portes (on recommande les visites guidées). Vous pouvez même y emménager si le coeur et le Bon Coin vous le disent. La magie de Marseille, c’est aussi le regard unique de ses habitants : cette “unité d’habitation” conçue par l’un des maîtres de l’urbanisme y était perçue comme “la maison du fada”. De quoi conférer un peu de légèreté à la Cité Radieuse et ses kilotonnes de béton sur pilotis.
280 boulevard Michelet – 8ème
Visite sur réservation
Stéphane Caillard, actrice
Belle et manipulatrice, idéaliste mais sans pitié, traînant à la fois avec des braqueurs et la haute société, Julia Taro est la fille du maire et l’incarnation même du nouveau Marseille. Elle est jouée par Stéphane Caillard (oui, c’est bien son prénom). Voici ses lieux préférés.
Les adresses de Stéphane Caillard
L’Horloge, place aux Huiles : “Pendant les trois mois et demi de tournage, j’ai quadrillé les quartiers du cours Julien et du Vieux Port. L’Horloge est un bistro de quartier vraiment chouette, on y mange super bien et l’équipe est sympa.”
11 cours d’Estienne d’Orves – 1er
Lundi-Samedi, Lundi-Samedi 9h-01h, Dimanche 15h-23h
Le Mama Shelter Marseille : “L’hôtel où nous étions logés, près du Cours Julien. C’était le lieu idéal pour vivre ce tournage. L’équipe est super et très jeune, ils organisent souvent des soirées et font de très bons cocktails. On a adoré notre séjour là-bas.”
64 Rue de la Loubière – 6ème
La Plage des Catalans : “J’y ai passé du temps au début du tournage : on a même pu s’y baigner jusqu’au mois d’octobre…”
8 Rue des Catalans – 7ème
Bistrot La Parenthèse : Avec une carte de vins naturels et des tapas concoctés avec goût et créativité, les chefs Cédric et Jean-Amaury mettent un point d’honneur à partager leur amour des bonnes choses. La Parenthèse est devenue l’une des cantines préférées de nos potes marseillais : on a même eu du mal à leur soutirer cette adresse, tant ils voulaient égoïstement la préserver. Allez-y, et si une table d’habitués vous regarde de travers, dites que vous venez de notre part. Si vous évitez les sujets fâcheux (le foot, Jul, etc) vous en ressortirez avec le corps repu et de nouveaux amis.
2 Impasse de Riou – 8ème
Tous les jours, 19h-23h30
Le marché de Noailles : Si vous voulez vous procurer des fruits, des légumes, des épices et pâtisseries du monde entier, mais aussi des olives marinées, du poisson frais ou des clopes tombées du camion, le marché de Noailles est l’endroit idéal. À deux pas du Vieux Port et de la Canebière, vous n’y croiserez certainement pas les intégristes du bio ni les disciples de Super Nanny. Mais vous y toucherez du doigt un aspect typique, bien qu’en recul au fil des expulsions et réhabilitations : la face joyeusement populaire et délicieusement crasseuse du vrai centre-ville de Marseille.
Rue du Marché-des-Capucins – 1er
Du Lundi au Samedi, 8h-19h
Jogging : Situé dans une ancienne boucherie, le concept-store Jogging est le plus pointu de la ville – et pas seulement parce qu’il a conservé les crochets à viande. Pour la femme et l’homme, des jeunes créateurs exigeants (Anthony Vaccarello, Ground Zero, Christophe Lemaire…), les produits de beauté Aesop, des parfums, des livres d’art ainsi que des pièces de design vintage. Comme quoi, l’accent marseillais peut s’accommoder d’un certain snobisme.
103 rue Paradis – 6ème
Lundi 11h-18h / Mardi-Samedi 10h30-19h
“Ce que j’aime à Marseille, c’est que c’est une ville populaire. Elle ne s’est pas faite écraser par la bourgeoisie. Mais j’ai vu un nouveau Marseille, qui n’a plus rien à voir avec celui d’il y a vingt ans. La ville est plus belle mais elle s’est durcie. Avant, il y avait toujours un côté humain. Aujourd’hui, je sens plus d’agressivité, de tensions – mais jamais envers nous, je précise.”
— Florent Siri, showrunner
BONUS – La playlist de Marseille : Pour vraiment profiter de Marseille, il faut l’arpenter en écoutant sa musique : elles se reflètent parfaitement l’une l’autre. Voici une playlist pour imaginer (ou traverser) l’atmosphère de ses rues. Elle se compose essentiellement d’artistes locaux ; qu’ils soient légendaires ou méconnus, tous entretiennent une étrange relation d’amour/haine avec leur ville.
En intro, un morceau de Djel, fameux DJ de la FF, qui reste dans le funky mais sans rappeurs cette fois-ci. Et en conclusion, le superbe “Ya Sidi”, d’Orange Blossom, que Florent Siri utilise en générique de Marseille : “On roulait dans la ville la nuit quand j’ai entendu cette chanson, et ça m’a frappé : pour moi, c’était Marseille. Il y a à la fois la mélancolie (c’est un sample d’Erik Satie), une chanteuse égyptienne, et la modernité de l’arrangement de Blossom. Bref, toutes les couleurs de cette ville.”
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